Je suis bipolaire... également
Je suis en train de lire « intérieur nuit » de Nicolas Demorand. j’en suis déjà à la moitié… payé 14€99 pour un fichier epub sur ma lisseuse. C’est cool.
Nicolas Demorand, journaliste et animateur audiovisuel français, déclare sa bipolarité aux auditeurs et à ceux qui veulent bien l’entendre et le lire. Quand on est bipolaire soi-même c’est frappant de vérité, de cruauté, et résonances. Car fatalement on s’y retrouve de façon magistrale.
Au-delà, l’écriture est parfois drôle, souvent touchante, et les mots tellement juste que j’ai pleuré sur plusieurs pages de m’y retrouver ainsi...
Comme il l’explique, il ne souhaite pas verser dans la littérature, car là n’est pas son sujet. Enfin c’est ce que j’en ai compris. C’est toutefois bien expliqué, édifiant, bien écrit.
Peut-être que tout cela vous paraît loin, mais si vous avez l’occasion de le lire, je vous le conseille vivement. Ça m’évitera le pensum d’avoir à vous le cacher ou m’en expliquer.
Il a fait le boulot pour nous. Et surtout on se sent un peu plus légitime, je ne saurais expliquer pourquoi. Peut-être que lorsqu’on arrête de cacher les choses, cela a une chance de devenir une banalité...
Personnellement je me fous d’être indécent, c’est-à-dire, d’exposer ma maladie. J’ai même tendance à jouer la provocation, en assumant de livrer ce qui sort sans filtre, pas forcément dans la vie de tous les jours, mais dans les écrits surtout. Nous n’avons pas à avoir honte. Alors que tout le monde est décomplexé, nous ne devons pas choisir la honte. Il n’y a pas de honte à être malade même si cela appartient à la sphère personnelle. Toutefois, cela a des conséquences sur la vie publique. j’admire ceux qui, malade, savent masquer les effets de leur mal.
Dans mes écrits je fustige parfois le travail, la vie débridée, rapide et sans objectif clair, le non-sens, l’absurdité. Ce n’est pas seulement politique. C’est aussi pour m’offrir le droit, la liberté, l’espace de la maladie, en tant qu’elle me détermine beaucoup.
Le travail n’est pas un problème pour moi. J’aime travailler, créer, réfléchir, résoudre des problèmes, endurer un certain effort pour parvenir à un résultat. Mais les relations sociales m’usent. Les interprétations, la « parano » mobilise trop souvent mon esprit jusqu’à me démobiliser par ailleurs et me fait souffrir. Ne croyais pas que tous les bipolaires sont comme moi. Il y a des similitudes, mais chaque bipolaire a une expérience différente de sa maladie. Le sentiment de persécution, tout le monde ne l’a pas, j’imagine.
C’est la raison pour laquelle je suis plus efficace à travailler chez moi seul, en développement informatique, en composition musicale, ou « ingénierie » du son.
J’ai longtemps caché ma situation à plein de gens… parfois des gens à qui je n’avais pas envie de mentir. Mais, parce que c’était trop tôt, parce que je ne les connaissais pas assez, parce que le regard sur les maladies mentales ne sont pas tendre parfois, j’ai du en passer par là. Et puis se justifier en permanence d’exister pour tout est trop usant.
Voilà je ne vais pas refaire le match. Tout cela est bien abordé dans le livre de Nicolas Demorand.
Même si tout le monde s’en tape : je le suis aussi !