2. Connaissance, savoir, visibilité : un accès élargi (2/6)
Avec la démocratisation des outils numériques, l’accès à la connaissance a explosé. On peut apprendre à coder, à jouer de la guitare, à réparer une machine à laver, à maîtriser un logiciel 3D ou à parler une langue étrangère — sans sortir de chez soi. Les universités mettent leurs cours en ligne. Des centaines de milliers de tutoriels inondent YouTube. L’intelligence artificielle, maintenant, peut même nous expliquer ce que l’on ne comprend pas.
C’est un progrès indéniable. Pour l’enfant curieux, pour l’adulte en reconversion, pour l’isolé géographiquement ou socialement, c’est une véritable ouverture sur le monde. C’est une bibliothèque d’Alexandrie disponible sur un écran. Mais une bibliothèque sans silence, sans hiérarchie, sans filtre.
Car l’accès à la connaissance ne garantit ni la compréhension, ni la sagesse. Nous avons toutes les réponses — mais posons-nous encore les bonnes questions ? Nous savons chercher, mais pas toujours trier. Nous savons lire, mais souvent sans approfondir. On survole, on zappe, on effleure.
Et puis, il y a cette étrange mutation du savoir : il ne suffit plus de savoir, il faut le montrer.
Nous vivons à l’époque de la visibilité. On ne crée plus seulement pour apprendre ou s’épanouir, on crée aussi pour publier. Chaque dessin devient une publication, chaque chanson une story, chaque réflexion un post. Il faut "exister" dans le regard de l’autre. L’anonyme ne compte plus. Le discret n’est plus visible. Ceux qui n’ont pas d’audience doutent parfois d’avoir quelque chose à dire.
C’est une drôle d’époque où la connaissance se mesure parfois en vues, en likes, en partages. Mais au fond, qui voit vraiment ? Qui écoute vraiment ? Qui apprend encore lentement, patiemment, dans un monde qui pousse à produire, à montrer, à occuper l’espace numérique ?