3. L’écologie numérique : la face cachée de la légèreté (3/6)



On parle souvent de "nuage" pour désigner le stockage en ligne, de "cloud", comme si nos données flottaient dans l’air, sans poids, sans matière, sans conséquence. C’est une belle image. Mais elle est fausse.

La réalité, c’est que chaque clic, chaque recherche Google, chaque vidéo regardée, chaque image générée par une IA, repose sur des milliers de serveurs, des kilomètres de câbles, des centres de données qui chauffent, consomment de l’électricité, sont refroidis, entretenus. La technologie est matérielle, terriblement matérielle, même quand elle semble légère, rapide, invisible.

Et cette légèreté apparente nous pousse à en abuser.
On génère des images pour le plaisir. On crée des vidéos à la chaîne. On stocke tout, partout, "au cas où". On multiplie les doublons, les sauvegardes, les machines virtuelles… Parce que c’est pratique, parce que c’est gratuit, parce que ça ne se voit pas.

Mais tout cela a un coût. Un coût énergétique. Un coût écologique. Un coût humain.

Les métaux rares extraits pour fabriquer nos appareils viennent souvent de zones de conflit, avec des conditions de travail inacceptables. Les centres de données consomment parfois autant qu’une ville. L’entraînement des modèles d’IA génère des tonnes de CO₂. Et pendant ce temps, on rafraîchit une story TikTok toutes les dix secondes.

On utilise des outils puissants, conçus au départ pour accélérer la recherche scientifique ou résoudre des problèmes complexes… pour s’amuser à se transformer en avatar, à simuler des voix, à faire des quiz absurdes.

Et ce n’est pas que de l’humour. C’est une fuite. Une fuite dans le divertissement, dans l’instantané, dans la déresponsabilisation.

Le plus inquiétant, ce n’est pas que la technologie soit mauvaise. C’est qu’elle soit invisible dans ses conséquences. On croit qu’elle allège nos vies. Mais elle pèse lourd, ailleurs. Très lourd. Et pourtant vous le savez, je suis fan des ordis….