5. Libération ou dépendance ? (5/6)
La promesse était belle : avec les technologies modernes, chacun pourrait s’exprimer, apprendre, créer, entreprendre.
Sortir de l’ombre. S’affranchir des institutions. Se rendre visible, autonome, libre.
Et dans bien des cas, cela a été vrai.
Des artistes indépendants ont trouvé leur public.
Des entrepreneurs sans moyens ont lancé leur activité.
Des citoyennes et citoyens ont documenté le réel, contourné la censure, transmis des savoirs.
Des personnes isolées ont pu se relier au monde, et parfois s’y sentir enfin incluses.
Mais cette liberté nouvelle a un double visage.
Car les outils qui nous "libèrent" sont souvent les mêmes qui nous retiennent.
On commence par s’outiller. Et très vite, on ne sait plus s’en passer.
On consulte nos notifications au réveil.
On se détend en scrollant.
On se rassure en postant.
On s’abrutit parfois en regardant.
Le temps passe. L’esprit se remplit. Mais la liberté diminue.
Et l’ironie, c’est que plus les outils sont puissants, plus ils nous modèlent.
Les réseaux sociaux nous incitent à rester dans leurs logiques.
Les IA nous proposent ce que nous aimons déjà, réduisant peu à peu notre curiosité.
Les moteurs de recherche nous enferment dans des bulles.
Les algorithmes nous prédisent, parfois mieux que nous-mêmes.
Où est la liberté, si nos choix sont guidés, nos goûts analysés, nos comportements anticipés ?
Où est l’autonomie, si l’on ne sait plus faire sans nos outils ?
Et où est le sens, si l’on ne se pose plus la question de ce que l’on fait, mais seulement de ce que l’on peut faire ?
La dépendance, ici, n’est pas une chaîne visible. Elle est intégrée. Douce. Convenable. Addictive.