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Minuit six.
Je suis debout après une nuit de deux heures.
Je suis sous tension, à la fois fatigué et nerveux.
Je ne sais même pas pourquoi.
Quand je parviendrai à me détendre, ça fera du bien de dormir.


Je pense à ce monde qui, pour moi, s’enflamme et sombre petit à petit dans la folie.
À l’international, on a d’un côté Poutine qui multiplie les provocations et qui, certainement, attend que nous ripostions pour légitimer la guerre ;
et de l’autre, Trump qui s’attaque à tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui, la presse en première ligne.


Comme l’a dit une Birmane réfugiée en Thaïlande dans un reportage :
« Ce ne sont pas seulement les dirigeants, ce sont aussi les gens. Les gens sont devenus fous, ils soutiennent le système en place. »


C’est une idée que je partage déjà pour la France et pour tous les pays qui sombrent l’un après l’autre, notamment dans un racisme primaire.
Il y a une sorte de glissement vers l’inhumanité.
La normalité, c’est de ne pas voir ce qui se déroule sous nos yeux.
Mais ce qui est en train de se déconstruire, c’est le vieux monde capitaliste et libéral.
Tout le monde panique de voir son quotidien menacé et cherche un coupable, plutôt que de chercher des solutions et d’inventer le monde de demain, qui, lui, n’attendra pas.


Il faut mettre le logiciel politique à jour, voire le changer,
car il y a eu tant de rustines que cela ressemble à une usine à gaz.
On essaie de faire durer un monde qui n’existe déjà plus, puisqu’au fond il ne satisfait plus personne.


Même en France, il devient difficile d’être de gauche, tant le glissement s’opère vers la droite.
On est convaincu de pouvoir régler les choses par la fermeté.
Le bateau coule par la proue, mais on nous enjoint à ramer plus fort, à cause de la pression de l’eau à l’avant, sans doute.
Certains se disent qu’il faut jeter quelques familles par-dessus bord : « c’est le moment, nous serons plus légers ».
D’autres pensent peut-être qu’une bonne guerre…
Mais la violence, les gens qui se bousculent pour tenter de rejoindre les canots de sauvetage, tout cela relève de l’ignorance.
Car le bateau qui coule, c’est la planète entière, et nous sommes collectivement les seuls responsables de cet état de fait.
Je ne parle pas seulement d’écologie, mais aussi de la rigueur avec laquelle nous nous laissons penser.
Nous pensons, entre autres, par contagion.


La rigueur, et non la fermeté.
La rigueur, c’est d’abord la capacité d’abandonner toute pensée qui ne correspond plus aux nouvelles données du monde.
Il faut être capable de penser autrement.
Certes, nous garderons des constantes liées à notre histoire et à notre héritage, mais il faudra les adapter aux nouvelles données du monde, encore une fois, et jeter dans l’oubli tout ce qui ne convient plus.
Plus nous refusons de jeter, plus notre tête devient une poubelle.


Évidemment, inventer l’avenir, coder un nouveau monde, c’est angoissant :
les erreurs, les échecs, les combats, le travail nécessaire.
Penser un nouveau monde n’est pas l’affaire des fainéants,
et agir pour le mettre en place l’est encore moins.


Et puis il y a le découragement,
le désespoir qui s’en mêle.
On se dit qu’on sauvera ses propres meubles au détriment du contexte.
Mais le contexte nous façonne,
et chacun façonne le contexte.
Nous avons tous une responsabilité : être à la fois dans la joie qui entraîne la joie,
dans l’amour qui entraîne l’amour,
dans la confiance qui entraîne la confiance,
dans la bienveillance qui entraîne la bienveillance.
Je ne dis pas que c’est facile ;
c’est même un sacré travail à plein temps que d’être citoyen et humain.


Je ne veux pas laisser croire que j’ai la prétention d’y être parvenu, ni que je vous donne une leçon.
Ce n’est pas du tout mon état d’esprit, soyons clairs.
Je me bats tous les jours contre moi-même,
dans le but d’améliorer à la fois mon comportement social et privé.
Je me surveille de près, peut-être trop,
mais bon, je fais le job.


Car la vie, ce n’est pas seulement trouver une place dans la société,
comme à un jeu de chaises musicales,
et s’y installer pour toujours.
C’est aussi inventer, créer le jour d’après, avec les données actualisées.


Voilà. Je n’ai toujours pas sommeil,
mais je vais faire autre chose.