le libre arbitre au placard
comme il n’y a pas de libre arbitre
pour rester en adéquation avec soi-même
il est préférable de se regarder agir et de faire des constats
personnellement et pour exemple
mon penchant pour l’écriture date de la sixième au collège
mon inclination pour la musique date de la même époque voire un peu avant
c’est de cette manière qu’on arrive à rester cohérent
il faut se voir comme un personnage de pièce de théâtre
avec le regard passif du spectateur
parfois c’est honteux
on préférerait être
je ne sais pas moi
plus courageux
mais comme on ne le sera pas plus
il faut se laisser vivre
j’ose supputer que le contexte nous fait
et qu’il y a plus de soucis à se faire pour la copie que pour l’originale
l’originale subit une interprétation
et parfois seulement
une dégradation des valeurs par exemple
par rapport à un contexte donné évidemment
j’ose supputer que le contexte nous fait
davantage que notre propre conscience nous guide
la reproduction sociale chez Bourdieu peut sans doute nous mettre sur ce chemin
je prends des pincettes
car je ne suis ni philosophe ni sociologue
mais c’est mon intime conviction de vivant
la rencontre avec les œuvres de Spinoza notamment l’éthique
a conduit cette réflexion
Spinoza — Éthique, II, proposition 48, scolie
Les hommes se croient libres, parce qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes qui les déterminent.
Leur idée de liberté consiste donc dans l’ignorance des causes de leurs actions, car si les hommes savaient d’où viennent leurs désirs et leurs pensées, ils verraient qu’ils obéissent à des nécessités naturelles, comme tout ce qui existe dans la nature.
Pour le tabac (un exemple concret)
par exemple
quand on fume et qu’on cesse de fumer
on dit souvent qu’on a décidé d’arrêter
comme si une volonté s’était manifestée soudainement
en vérité rien de tel
une autre cause s’est simplement imposée
plus puissante que la première
le dégoût du tabac, la peur de la maladie
le désir d’air pur ou de cohérence intérieure
ce n’est pas la liberté qui agit
mais la nécessité qui change de visage
l’habitude perd sa force
et une autre habitude prend sa place
celle de respirer, de se sentir mieux, de se regarder autrement
Spinoza dirait qu’une passion ne s’efface
qu’à la faveur d’une passion contraire plus forte
et dans ce passage d’une cause à une autre
on croit choisir
alors qu’on se découvre simplement déterminé autrement
un moyen d’agir sur le tabac
ne serait peut-être pas de lutter
mais d’apprendre à respirer autrement
de lire des livres sur la respiration
de comprendre ce souffle qu’on croyait connaître
et d’y trouver un désir plus fort que celui de la fumée
il n’y a pas de décret
de volonté magique
il faut reconditionner son désir
non pas par la force
mais par la connaissance
apprendre à désirer autrement
à déplacer la source du plaisir
du geste qui enferme
vers la sensation qui libère
voilà vous êtes libéré
repirez !